Antoine Armand, ministre de l’économie, des finances et de l’industrie, à Calais le 5 novembre 2024 a créé la surprise le 5 novembre 2024 en annonçant le rachat de 80% du capital d’Alcatel Submarine Networks (ASN), l’un des leader mondial des infrastructures de l’internet mondial.
Une agence au cœur de la stratégie de l’État
Sommaire
- Une agence au cœur de la stratégie de l’État
- L’histoire d’une agence clé
- Les missions stratégiques de l’APE
- Pourquoi l’État reprend les rênes d’ASN
- ASN, un atout stratégique pour la France
- Le rôle de Nokia dans le développement de cette industrie
- Les conséquences économiques de l’acquisition
- Une impulsion pour l’industrie française
- Un signal fort pour l’économie européenne
L’histoire d’une agence clé
L’Agence des participations de l’État (APE), créée en 2004, s’impose comme un acteur central de la stratégie économique française. Chargée de gérer les participations de l’État dans de nombreuses entreprises, cette agence a pour mission de préserver les intérêts stratégiques nationaux tout en garantissant un retour sur investissement pour les finances publiques. À travers ses interventions, elle maintient une influence sur des secteurs-clés tels que l’énergie, les transports et, désormais, les infrastructures numériques avec la prise de contrôle d’ASN.
L’évolution de l’APE montre une volonté croissante de sécuriser des actifs vitaux pour l’indépendance nationale. Historiquement tournée vers les entreprises traditionnelles, elle s’est peu à peu adaptée aux défis du numérique et de la transition écologique. Dans ce contexte, l’acquisition de 80 % d’Alcatel Submarine Networks (ASN) s’inscrit dans une stratégie visant à renforcer la souveraineté technologique et numérique du pays.
Les missions stratégiques de l’APE
L’APE n’a pas seulement pour rôle de protéger les intérêts financiers de l’État, elle a également une mission d’orientation économique. Sa gestion des participations étatiques permet à la France de soutenir des secteurs d’avenir tout en influençant les orientations stratégiques des entreprises dans lesquelles elle investit. Avec plus de 80 entreprises sous sa tutelle, l’agence manie des actifs d’une valeur totale dépassant les 180 milliards d’euros au 30 juin 2024, un poids économique conséquent qui donne à l’État français un levier majeur sur des secteurs cruciaux.
En acquérant une majorité de parts d’ASN, l’APE renforce sa position dans le domaine des infrastructures de télécommunications, un secteur au cœur des enjeux de sécurité nationale et de connectivité mondiale. Cette acquisition reflète une vision stratégique de long terme, où l’État veut se doter des moyens nécessaires pour garantir la résilience et l’indépendance de ses infrastructures face aux tensions internationales croissantes.
Pourquoi l’État reprend les rênes d’ASN
ASN, un atout stratégique pour la France
Alcatel Submarine Networks (ASN) avec ces 2400 collaborateurs répartis sur 5 sites dont 2 en France est un acteur incontournable des infrastructures sous-marines de télécommunication, un secteur souvent méconnu mais essentiel au fonctionnement d’internet à l’échelle mondiale. En posant et en entretenant les câbles sous-marins qui relient les continents, ASN se trouve au cœur du réseau global de données. Ces câbles, qui représentent plus de 95 % des échanges mondiaux de données, sont des infrastructures critiques pour l’économie numérique et la sécurité nationale.
L’État français voit en ASN un atout stratégique pour plusieurs raisons. En prenant le contrôle majoritaire de cette entreprise, la France assure une plus grande sécurité des données transitant sur les câbles sous-marins et réduit sa dépendance vis-à-vis d’autres puissances dans ce domaine. À l’heure où la protection des informations numériques devient cruciale, ASN permet à la France de sécuriser ses infrastructures vitales tout en affirmant son influence sur le marché international des câbles sous-marins.
Le rôle de Nokia dans le développement de cette industrie
Avant cette prise de contrôle par l’État français, ASN était sous la coupe du groupe Nokia, qui avait acquis la société à travers le rachat d’Alcatel-Lucent en 2015. En intégrant ASN, Nokia a permis à cette entreprise de renforcer ses capacités technologiques et d’étendre son influence sur les marchés internationaux. Cependant, malgré l’apport stratégique de Nokia, des besoins de sécurisation nationale ont poussé l’État à reprendre la main sur cette filiale clé.
Le transfert de 80 % des parts d’ASN à la France marque une séparation notable entre Nokia et cette activité stratégique. Nokia conserve néanmoins une expertise technique dans les télécommunications, mais cette cession permet à l’entreprise finlandaise de se concentrer sur d’autres domaines tout en laissant la France prendre le contrôle d’une infrastructure critique. Cette prise de pouvoir par l’État français souligne aussi un recentrage de Nokia sur ses propres activités prioritaires, tout en maintenant un lien technique avec ASN.
Les conséquences économiques de l’acquisition
Une impulsion pour l’industrie française
Avec l’acquisition d’une majorité de parts dans ASN, l’État français donne un signal fort à l’industrie nationale. Ce rachat ouvre la voie à des investissements accrus dans les infrastructures numériques et soutient les compétences technologiques françaises dans un secteur hautement concurrentiel. En prenant en charge cette entreprise, l’État mise sur le renforcement des capacités industrielles de la France dans un domaine où la maîtrise des technologies est cruciale pour l’avenir.
Cet investissement offre également à ASN les moyens d’accélérer ses recherches et innovations dans les systèmes sous-marins, contribuant à la croissance économique du pays. La présence directe de l’État dans cette entreprise stratégique pourrait non seulement stimuler l’emploi dans le secteur des télécommunications, mais aussi encourager d’autres entreprises françaises à investir dans la souveraineté numérique et dans les infrastructures critiques pour l’économie de demain.
Un signal fort pour l’économie européenne
Au-delà des frontières françaises, l’acquisition d’ASN par l’État français envoie un message significatif à l’Europe. Dans un contexte de tensions internationales croissantes et de dépendance technologique accrue envers des puissances extérieures, cette prise de contrôle incarne une volonté de souveraineté et de protection des intérêts européens. La sécurisation des infrastructures numériques devient une priorité collective pour l’Europe, et la France se positionne en avant-garde de cette dynamique.
Cette démarche pourrait aussi inspirer d’autres pays de l’Union européenne à reprendre le contrôle de leurs infrastructures critiques, et pourquoi pas, à coopérer dans ce secteur stratégique. L’Europe pourrait alors bénéficier d’un réseau numérique plus résilient, réduit en dépendance externe, et capable de rivaliser avec les grandes puissances technologiques mondiales. Ce rachat d’ASN s’inscrit ainsi dans une vision de long terme pour l’économie européenne, où la France entend jouer un rôle moteur dans le renforcement de la résilience numérique du continent.
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Sources image : ASN & SATISTITA