Quand nous parlons de placement, nous parlons de finance, mais il existe un biais, une pratique plus ou moins connue qui, au passage du 31 décembre 2024 au 1er janvier 2025, vous permettrait de gagner jusqu’à 7,8%. Nous parlons du timbre poste (la version la plus commune possible), bien que, de prime abord, personne ne le voit comme un placement, il est possible d’en détourner son usage : laissez moi quelques lignes pour tout vous raconter.
La montée sans fin
Sommaire
Du haut de ces 20 centimes de 1849 : le timbre noir
Le premier timbre français, le 20 centimes noir type Cérès (des centimes de francs), est d’inspiration du modèle britannique sorti 9 ans plus tôt. Cette version française, disponible dans tous les bureaux de poste, permet d’envoyer des courriers d’un maximum de 7,5 grammes dans toute la France métropolitaine, la Corse et l’Algérie. Pour le contextualiser un peu plus, il faut prendre en compte que sa valeur d’époque représente plus d’une journée de travail pour nombre de français. Au fil des décennies qui suivent, son tarif, bien qu’à la hausse, évolue peu, le rendant de plus en plus accessible, et c’est ainsi qu’en 1959 il vaut 25 centimes (toujours des centimes de francs). Durant les trente années suivantes, sa tarification évolue fortement pour atteindre en 1989 2 francs (une augmentation de 800% sur la période). Avec l’arrivée de l’euro, il montre une stabilité relative qui laissera place à une croissance du prix démesurée passant de 0,46 centimes (en euro cette fois-ci) à 1,43 euro pour la lette prioritaire et 1,16 euro pour l’écopli en 2022.
La hausse de 2024 prépare le terrain pour 2025
En 2023, la poste a supprimé son produit phare, le timbre rouge, pour lui substituer sa version numérique nommée e-lettre (1,49 euro), mais aussi l’écopli. Et au 1er janvier 2024, le tarif de la lettre verte a pris 11,9%. Pour la nouvelle année (2025) la hausse est annoncée à 7,8% pour tarif de 1,39 euro. Toutes ces hausses assument plusieurs objectifs : gommer une partie du déficit (400 millions d’euros), répondre à la baisse des envois liés à l’adoption croissante du numérique, mais aussi financer le futur avec le développement de services numériques comme les timbres à personnaliser et à imprimer soi-même ou encore les envois automatisés avec la filiale du groupe spécialisée MailEva.
Les changements à venir
Une hausse qui ne fait pas de distinction
La hausse des prix ne concerne pas seulement les particuliers ou les envois sporadiques des entreprises, elle concerne les solutions d’affranchissement dédiées aux envois massifs, publicitaires, factures, documents administratifs qui représentent une part importante des revenus du groupe. Par ces augmentations successives, La Poste espère inciter ses clients à basculer sur ces solutions numériques, bien que certaines habitudes ont la vie dure et le courrier physique est encore privilégié pour des communications officielles.
Comment transformer une augmentation en placement
Bon d’accord, le timbre augmente, mais comment transformer une augmentation en placement ? Aussi simplement qu’en achetant des timbres aujourd’hui. Je m’explique, les timbres en bureau de poste coutent 1,29 euro jusqu’au 31 décembre 2024, mais ils ne périment pas pour autant au 1er janvier 2025, vous pouvez même utiliser vos timbres d’il y a 20 ans ou même plus anciens, ils sont tous acceptés. Mais encore ? Vous pouvez les vendre sur ebay, sur rakuten, sur vinted, le boncoin… à quelques centimes de moins que le tarif officiel (comme bien d’autres), et d’une année sur l’autre augmenter le tarif et écouler progressivement vos stocks. Pour vous rendre compte, les timbres achetés en 2020 ont été revalorisés de 30% (0,97 euro), et ceux vendus en 2014 (0,61 euro) plus que doublés. Pourtant, il s’agit toujours du même service.
Maintenant que la poste n’a plus qu’une sorte de timbre physique pour les lettres de 20g, le risque de le voir disparaitre est encore très faible. Même si vous ne voulez pas « investir » dans le timbre, vous pouvez, en achetant quelques carnets en amont du 31 décembre 2024, faire l’impasse sur cette hausse pendant quelques semaines, mois, années.