L’Etat Français réinvestit l’actualité en s’attaquant à nouveau aux produits dangereux pour la santé.
Cela fait plus de 30 ans que les politiques ont durci l’accès au tabac : loi Evin, mais disparition du marketing sur les paquets au bénéfice du marketing contre le tabac, augmentation du prix, tout autant de leviers que l’Etat à poussé jusqu’à leur maximum, tout du moins nous le pensions jusqu’à ce que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) remontre ces dents acérées prêtes à tirer le prix du tabac encore vers le haut.
La courbe exponentielle du prix du tabac
Sommaire
- La courbe exponentielle du prix du tabac
- Les résultats financiers de la taxation croissante
- Les paliers comme déclencheurs
- Répartition du poids économique
- A qui profite le crime ?
- Qui paie l’addition ?
- Les conséquences des prix élevés sur la société
- La lutte contre le tabagisme entre mirage et efficacité
- Les marchés fumants
Les résultats financiers de la taxation croissante
Le paquet à 20 francs (soit 3,5 euros), c’est à quelques centimes près le dernier prix connu avant le passage à l’euro. Il a très vite augmenté pour passer en 2002 de 5 euros à 10 euros en 2023 ; aujourd’hui, le prix est autour de 12,5 euros. Ces augmentations initiées par l’Etat français ont été accompagnées par de nombreuses directives européennes, permettant une taxation représentant plus de 80% du prix du paquet.
Les paliers comme déclencheurs
Etonnamment, de manière décorrélée, la gradation du prix du paquet a attendu d’atteindre des paliers, souvent lorsqu’elle dépassait le montant d’un billet de banque, 5 euros puis 10 euros, pour que le nombre de fumeurs baisse significativement. C’est d »ailleurs en 2017, année où le paquet a passé le montant de 10 euros, qu’une chute vertigineuse de 10% des fumeurs a été enregistrée. Et c’est en ce sens, que l’Etat assume son objectif du paquet à 20 euros d’ici 10 ans, en proposant une augmentation des taxes d’environ 5% chaque année.
Répartition du poids économique
A qui profite le crime ?
Le tabac, c’est 15 milliards de recettes fiscales en 2023 selon l’INSEE, un montant impressionnant qui vient au secours des caisses comme celle de la sécurité sociale. Et c’est parfaitement logique, les conséquences médicales du tabagisme sont un gouffre pour l’institution. Cependant, chaque hausse aidant une proportion de consommateurs à arrêter de fumer, une augmentation de x% du prix du tabac ne permet qu’une augmentation inférieure à x% des recettes.
Qui paie l’addition ?
Sans faire de généralités, nous pouvons au moins écrire (parler) de tendances : Ce sont les ménages, les plus modestes qui sont les plus consommateurs, cette augmentation aura un impact plus lourd sur leurs budgets déjà serrés, renforçant le sentiment d’inégalité économique. En tant que fumeur abstinent, je sais que les causes du tabagisme peuvent être variées, et ces augmentations successives, bien qu’elles répondent à une nécessité de santé, ne le font pas sur les aspects mentaux, particulièrement autour de la gestion du stress, renforçant l’idée de se retrouver au centre de l’étau.
Les conséquences des prix élevés sur la société
La lutte contre le tabagisme entre mirage et efficacité
Jusqu’en 2019, les hausses ont généralement accompagné la baisse de la consommation de tabac. C’est en ce sens que l’Etat continue sur cette stratégie qui a fait ces preuves, notamment auprès des jeunes. Mais depuis, la part de fumeurs en France stagne. Les associations anti-tabac dénoncent que les fonds récoltés ne bénéficient pas suffisamment à l’accompagnement de l’arrêt ou aux campagnes de prévention, impactant de manière négative la démarche entreprise par l’Etat sur le long terme.
Les marchés fumants
Pour faire face à ces augmentations du prix des paquets, les solutions alternatives prospèrent : duty free, achats transfrontaliers, contrebande, sont les solutions adoptées par de nombreux fumeurs, au point de représenter 30% des cigarettes consommées en France et le chiffre est en augmentation constante. Aussi, la cigarette dite « électronique » et le tabac chauffé gagnent des parts de marché, et pour cause, ils sont bien moins taxés, laissant un trou béant dans la raquette peu profitable à la santé de chacun.
Pour aller plus loin sur les taxations :
- L’Europe montre ses muscles à la Chine et impose une taxe de 35% sur les véhicules électrique, les consommateurs payent l’addition
- Ces 157 milliards d’euros qui mettent l’Europe et les États-Unis au cœur d’un bras de fer commercial posent une cible sur ces exportations
Les comportements identifiés comme néfastes à notre hygiène de vie sont dans le collimateur des législateurs, qui profitent de cet angle pour en tirer un bénéfice économique. Une action compréhensible pour un Etat dont les caisses sont dans la tourmente depuis les années 70’s.